Etre parents, être mère, être une autre, être la même, être
seule, être à deux.
Savoir ce que l’on veut et l’oublier, vouloir le contraire
de tout ce qu’on a voulu, perdre son indépendance, crier en silence, dans le
silence de la nuit, hurler, pleurer, ne plus savoir.
Je ne sais plus. Rien.
Je ne sais plus qui je suis, où je vais, avec qui et
surtout, comment je dois avancer, comment je le peux.
Des mois de silence, ne rien dire, ne rien dire, attendre qu’il
comprenne, qu’il réalise et m’enfermer, sans m’en rendre compte, dans un monde
de solitude qui finit par me peser.
Etre fière de tout assumer seule, de tenir debout sans
dormir de la nuit, de tenir la maison sans demander un coup de main.
Sourire. Regarder son sourire et sourire, respirer, tenir le
coup, les larmes; et sourire à ce visage qui pleure, qu’il sache que je suis là,
rassurante et souriante.
Nier. Nier ma douleur, mon chagrin, le dépassement de mes
capacités. Nier la déprime, la douleur, la peur. Nier le besoin.
Besoin d’aide, d’amour, de sourire.
Se réveiller un matin et trouver la place vide et froide. Voir
les traces de ton passage, une chaussette sale, une tasse dans l’évier, les
couverts encore sur la table.
Essayer de se souvenir le dernier fou rire, le dernier
moment de tendresse, le dernier sentiment de bien être. Ne pas trouver.
Ne pas trouver.
Rester droite comme un i majuscule, rester droite, sans
expression, froide, tenir debout.
Sentir le vent souffler. Souffler les bougies, apporter des
nuages et masquer le soleil
Sentir le vent tourner, ouvrir les yeux et enfin voir, un
peu, pas trop. C’est trop dur.
Ouvrir doucement, encore un peu, encore un peu plus et
crier.
Soudain, voir me fait mal. La réalité, la triste et dure
réalité. Ma chérie, encore une fois, oui encore une fois, encore cette fois, ça n’a pas marché…..
Peut on réparer, recommencer, sauvegarder ? Les données
sont elles vraiment perdues ? s’aimer si fort ne suffit pas ?
Ne plus y croire.
Le verre est tombé, brisé en mille milliers de morceaux. On ne
peut pas le réparer…
La chute était silencieuse et discrète. On a tourné la tête
pour ne rien voir. On a tourné la tête et le verre est tombé.
Dans un fracas assourdissant j’ai ouvert les yeux.
C’est fini. Tout est fini.
Et les mots prononcés me font mal. Et dans le noir je
regarde la réalité, cette réalité : c’est fini.
Pars, oh, je t’en prie pars. Laisse moi respirer mon
chagrin, laisse moi l’appréhender, l’accepter.
Non !
Il dit que non. Il refuse cette réalité. Non, ce n’est pas
fini.
Pourtant, là, dans ma poitrine, j’ai bien senti mon cœur s’arrêter.
Roulement de tambour, silence, un drapeau tombe : the
end !
C’est fini.
Il ne voit pas, il ferme les yeux.
Le film continue, notre histoire se poursuit.
Il faut écrire la suite, improviser, faire tenir les
lambeaux de films avec un peu de scotch par ci, un peu de colle par là…
Faire tenir, mais surtout en silence.
Ne plus en parler, nier que cette conversation a eu lieu,
nier la cœur qui s’arrête, nier le drapeau qui tombe.
Le film continu.
Mais là, dans ma poitrine, quelque chose est brisé. Ça pique,
ça fait mal.
Et en silence je pleure.
.
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