Monday, August 26, 2013

El cotidiano, 26/8/2013


Un lundi matin, 7h05, le réveil sonne.

Un oeil s'ouvre, puis l'autre.

Dans la pièce il fait noir.

Un bruit sourd se fait entendre dans la pièce en dessous.

Le chat impatient a sauté la barrière en entendant le réveil.

Je me lève doucement, ouvre les volets, uns à uns.

Dehors il fait frais, le soleil ne pointe pas le bout de son nez et le jardin brille d'humidité.

Je regarde les arbres, les buissons, la pelouse, les fleurs.

C'est mon jardin.

Tout ça.... est à moi.

Ces arbres, ces buissons qui grandissent et que le soleil et la pluie embellissent chaque année. C'est à moi....

Drôle de conscience soudaine.

Un sourire sous le ciel de plomb, puis je m'active, les chats ont faim.

Je remplis la bouilloire, je l'allume, je descends voir les chats, dire bonjour aux chiens.

Ne vous impatientez pas, Doudou arrive pour vous donner la pâté et vous faire la première sortie du matin.

Chacun sa tâche, chacun sa responsabilité.

Il faut aller travailler, je mets quoi ce matin?

Les chats se frottent contre mes jambes nues et miaulent.

Je remplis les gamelles, je prépare celles des chiens.

Quand enfin l'homme se lève et va voir les chiens, le poilu a encore fait pipi dans la maison.

Mais aujourd’hui, plutôt que le lino ou les escaliers en bois auxquels il n'a plus accès grâce à la barrière, il a choisi de soulager sa vessie sur le coussin de la copine de dortoir, celle en pension pour quelques jours parce que sa maîtresse est en vacances.

Doudou nettoie, je décide de jeter le coussin à la poubelle…

Ras le bol des pipis, vomis du gros blanc qui anéantissent chaque tapis ou coussin que je fabrique pour le confort de la bête.

Demain il dormira sur le lino, fini le confort de Kumo !

L’heure tourne, je file sous la douche : c’est décidé, il fait moche, je ressors les jeans et les bottes.

Petit dej avalé trop vite, une humeur triste plane sur la maison.

Que se passe t’il ?

Je n’en sais rien, je ne comprends rien, mais le temps nous presse, il faut aller travailler, le pain quotidien ne se gagne pas à rien faire.

Doudou emporte les chiens et le linge souillé par le pipi du matin.

Les chats reviennent et demandent un peu de rab : la journée va être longue en attendant mon retour.

Un peu de paperasse à finir depuis des semaines, quelques papiers dans une enveloppe, un coup de fil à 8h30 du matin, des informations essentielles récupérées : l’enveloppe se ferme et je dépose un timbre afin de jeter la lettre dans une grosse boite jaune dès que possible.

Bientôt 9h00, il faut partir.

Pas envie de conduire.

Un câlin aux chats et me voilà sur le chemin du tram, le chemin du travail.

10h, j’arrive.

L’enveloppe part dans la boite jaune et moi je rentre, dans la grande boite juste en face.

Arrêt devant la machine à café : le petit déjeuner est déjà trop loin, me faut un thé, un biscuit.

10h05, assise à mon poste de travail, je revis l’agression subie 1 minute plus tôt par cette collègue fraîchement rentrée de vacances.

Une étrange colère monte en moi.

Je me dis que je la hais et que son comportement est inacceptable.

Avoir 50 ans et rentrer de 4 semaines de vacances lui autorise t’il de me parler comme ça alors que je ne suis responsable de rien ?

Sans excuses de sa part, jamais plus je ne lui adresserai la parole.

Je suis colère et ça ne s’arrête pas.

Le thé est bu, je plonge dans les dossiers.

Le téléphone sonne.

Ma sœur m’appelle.

Qu’y a t’il ? Tout va bien ?

Oh merci de t’occuper du chat de maman aujourd’hui, je voulais justement te le demander.

Ah… j’étais de mauvaise humeur hier ? J’ai été désagréable avec tes invités ?

Dans ma tête : WTF ? Je suis au bureau et je me fais remonter les bretelles ? J’étais désagréable ? C’est rigolo, j’ai dit hier à Doudou que je trouvais la sœur un peu sur les nerfs… mais bon, je comprends, 20 invités adultes et 10 enfants à gérer, je comprends.

A voix haute, enfin, pas trop haute, en essayant de ne pas gêner ma collègue qui part en vacances dans deux jours et stresse depuis deux semaines sur ces dossiers complexes qui lui demandent chacun deux jours de travail avant envoie du précieux : le courrier de 8 pages !

Bref, à voix haute : Euh, comment ça désagréable ? Je n’ai parlé à personne presque ?

Ah, je ne me suis pas intégrée, je n’ai pas trop rigolé avec les gens et puis j’ai agressé les gens et t’ai donné des ordres ?

Hein ???? (WTF ?????)

L’histoire des bouteilles en verre, du tri à faire avec les déchets….

Heu, oui, ça coûte rien et pour info, lorsque j’ai informé les gens qu’il y avait une poubelle spéciale pour le verre, c’est moi qui me suis fait charriée par tes invités…

Je ne comprends pas la discussion, je regarde mon bureau, mes dossiers, ma collègue qui s’acharne sur son dossier.

Je suis gênée, je ne comprends pas l’intérêt de cette conversation, là, maintenant, alors que je suis au bureau.

Gentiment je fais remarquer que je dois bosser…

Non !

Ah…

Alors j’imagine  la situation inverse, je l’appelle alors qu’elle est sur ton lieu de travail et que je lui fais des remontrances… en fait non, je ne me vois pas faire ça.

Cette conversation devrait avoir lieu de vive voix, ailleurs.

Je suis dépassée, fatiguée et dans l’impossibilité de m’expliquer, prise au piège au bout d’un fil sur un lieu où je ne peux pas m’exprimer.

Puis la conversation prend fin.

Me revoilà perplexe.

Deux minutes passent comme un silence d’ange à midi moins vingt.

J’attrape le dossier suivant, celui que j’allais enfin attaquer après des semaines à le repousser, et j’oublie la sœur, la collègue, le chien, le monde… et je plonge dans l’histoire malheureuse d’un homme et de sa voiture, d’un jeune et de son scooter et de leur violente rencontre qui crée des dommages et des préjudices et ces assureurs qui se déchirent sur la responsabilité de l’un ou de l’autre, de l’obligation de garantie que je dois à l’un sans contester le défaut d’assurance de l’autre.

Le quotidien du travail reprend, avec les dossiers, la pause déjeuner, la pause café de 15h car le sommeil pèse et qu’il devient impossible de travailler.

L’heure tourne, la journée n’est pas finie et je me demande qui encore aujourd’hui va trouver à me parler pour me faire des reproches.

Lundi matin….

WTF : lundi matin quoi ?!!!!

Un début de semaine, après un week end trop court…

Je ferme les écoutilles et plonge dans le travail au bureau et bientôt dans mon livre dans le train.

Je ne suis là pour personne.

Tout ce que je veux, tout ce que je demande : c’est un peu de temps tranquille avec mon Doudou.

Envie de cocooning, juste lui et moi, mais le lundi matin, il faut éteindre le réveil, se lever, aller travailler !

Le lundi matin…. Le lundi toute la journée !

 

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