Tuesday, May 14, 2013

l'élève


Comme un élève je regarde le carnet des devoirs.
Demain, c'est retour à l'école.
J'ai pas envie.
Les vacances sont finies et je ne suis pas prête. Tout ça c'est bien trop tôt.
Le Sud est resté au Sud et je suis remontée au Nord.
Pas celui où il y a encore de le neige, mais ici, les gens mettent toujours un manteau pour sortir.... pas toujours, tous les jours de la vie, mais toujours, encore alors que le printemps bat son plein et que l'été approche à grand pas.
Dans mon jardin, c'est tout vert.
Les fleurs des cerisiers se sont transformées en petites cerises vertes et la salade a poussé si vite que j'ai donné deux sacs pleins à craquer à une croqueuse invétérée de salade.
Les choux oubliés ont plein de petites fleurs jaunes qui donneront bientôt des graines et les coquelicots ont des boutons gros comme des noix en attendant de s'ouvrir et d'offrir quelques taches rouges dans la verdure du jardin.

Lynn est heureuse de me revoir, mais surtout de profiter du jardin en jouant avec le petit noir.
Mais ce soir, comme Doudou l'a emporté dans la maison d'hiver en attendant le rendez vous terrible chez le vétérinaire qui réduira sa virilité, Lynn est seule et fait de son mieux pour m'interdire de taper sur le clavier.
Il faudra bientôt mettre le réveil, aller se coucher, se reposer et reprendre le train, demain... pour retourner travailler.
J'ai pas envie, j'ai pas envie.
Enfermée dans mon paradis paisible, dans ma petite maison même pas sur une prairie, je veux rester ici à écrire, dormir, chanter, tricoter et jardiner. Attendre le retour de mon bien aimé, comme une princesse de comte de fées, et à son retour, reprendre le cours de la vie réelle, partir faire les courses, cuisiner, laver et devenir une cendrillon souillon avant de me transformer à nouveau en princesse des temps modernes qui séduit son prince d'une caresse et d'un t-shirt ajusté qui raconte ma féminité.
Je veux pas me lever demain, m'habiller, prendre le train.
D'ailleurs, j'ai toujours pas défait mes bagages car ce que je déteste le plus  après faire mes bagages, c'est défaire mes bagages.
Je sais pas quoi mettre demain, j'ai toujours pas compris la météo à Paris.
Et puis quel bouquin dans mon sac pour le train? Le dernier est fini et le suivant, celui qui aurait du être le suivant, trône sur la table du salon de la maison d'hiver.
Je jette un oeil à la bibliothèque des livres en attente de lecture.... mais je ne sais quoi choisir, je ne veux pas, je ne veux pas....
demain je n'irai pas, non! Demain je resterai là!
Comme une princesse, une bonne épouse femme au foyer, je veux rester ici, garder ma liberté....
Mais demain le réveil va sonner....
Aliénée, je vais me sortir de mon sommeil, m'arracher à mes draps, m'extraire de mon petit château... suivre la foule, monter dans le train.... il faudra bien... demain, retourner au bureau.
Alors en attendant, je ne veux pas, mais pourtant, il le faut bien, je vais me coucher car rentrer de congés avec des cernes de huit pieds.... ça fait mauvais élève et je ne suis pas, non, le cancre du fond de la classe.

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