Wednesday, May 15, 2013

La course

Course à pied pour la ligne, pour la forme, parce qu'il le faut bien.
Courses aux trains, courses alimentaires, courses de chevaux... Les courses sont partout autour de nous.
On court pour avoir un train, pour s'habiller, pour manger, pour aller travailler, pour rentrer à la maison, pour cuisiner, parce qu'on est en retard, parce  que la vie file et qu'on a toujours pas pris son rythme.
On passe sa vie d'adulte à courir pour toutes les raisons citées et si on ne court pas, les autres nous regardent de travers... Encore un étudiants, un assisté, un vacancier, un retraité! 
Qui d'autre peut se permettre de prendre son temps?
Avancer d'un pas lent, laisser filer le train pour attendre le suivant dans vingt minutes, rester calme dans la file d'attente et prendre son temps pour ranger ses courses dans son sac?
S'allonger sur l'herbe verte ou le sable fin et rester là, sans rien faire, les mains plongées dans la terre, sentir un cœur qui bat, respirer lentement les parfums de la vie et sous un œil qui se ferme, laisser le sommeil nous surprendre un instant, puis se lever d'un pas lent, souriant sans motif évident, se remettre à marcher doucement, se mêler à la foule des hommes pressés et garder ce rythme à contre courant.
30 ans seulement, 30 ans déjà.
Et je voudrais déjà vivre comme si j'avais le temps, comme si la fin, un jour, n'avait pas d'importance.
Je voudrais bâtir mes propres jours, fixer seule leur durée, organiser sans contrainte mes journées et, lentement, marcher droit devant ou m'allonger sur l'herbe pendant qu'elle pousse tout autour de moi, grandit et soudain, me noie de vert et de fraîcheur au plein cœur d'une chaude journée d'été.
En attendant, je me noie dans la foule sur la course au travail, je me noie dans ma sueur, pas celle de la peur, celle de l'effort pour suivre ce rythme qui n'est pas le mien.
Et comme les autres, je cours.

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