Wednesday, April 24, 2013

El cotidiano 24/4/2013



C’est mercredi, c’est une bonne journée.

Il y a des habitudes que l’on peine à changer.

Dans la voiture sur la route, des accidents partout, des ralentissements, mais le soleil dehors donne un peu de baume au cœur.

Près de moi, l’amie qui pleure.

Le téléphone sonne, je décroche. Automatisme difficile à perdre. Puis il est tôt,c’est peut être important, c’est peut être urgent.

Je me demande qui c’est. Gwen se penche et dit que c’est Titi, l’oiseau jaune qui esquive le ‘Ros Minet… ma petite sœur avec qui je suis en froid depuis quelques jours… bientôt deux semaines en fait.

Affable, je lui demande : « en quoi puis-je t’aider ? »

Mais elle dit que je ne peux rien pour elle, qu’elle vient aux nouvelles, voir si jevais mieux dans ma tête, paraît que je ne vais pas très bien dans ma tête….

Ah,suis je devenue folle sans m’en rendre compte ? Pourtant, je continue de travailler toute la sainte journée, répondre au téléphone, écrire des courriers… faudrait peut être que j’en informe ma hiérarchie et qu’elle m’enlève de suite toutes les responsabilités qui me sont confiées.

Bref, toujours une façon délicate de vous aborder et forcement, si j’ai été cinglante avec elle il y a quelques semaine, ce n’est pas parce qu’elle a des choses à se reprocher, mais parce que je vais mal dans ma tête…

Je serre les dents. Ah oui, et pourquoi je n’irai pas bien dans ma tête ?


Inconsciemment je connais la réponse, je sais à quoi elle pense et je devrai me taire, lui dire que le moment est mal choisi pour en parler… mais je suis stupide. Je la pousse… et elle répond de cette façon si brutale « paraît que t’as un copain qui est mort »…

Un sanglot près de moi… je ne sais plus si je parle encore en français ou pas, je lui dis alors que je ne suis pas seule dans la voiture, que ma meilleure amie est avec moi, que c’est son mari qui est mort quand elle me demande si c’est son copain….

Je ne sais plus bien comment prend fin la conversation. Elle doit me rappeler… ou on doit se rappeler… Gwen pleure.

Je m’excuse, lamentable, sous le soleil, dans les embouteillages.

On sort de l’autoroute, des files de voitures succèdent à d’autres. Des routes bloquées pour travaux, succèdent aux routes bloquées pour accident.

Ce n’était pas un bon matin.
Pourtant, je grille deux feux rouges pour évacuer un rond point où plus rien ne bouge… combien de point, combien d’amende ? Elle m’incite à la prudence, la peur du gendarme et je réponds bêtement, c’est mercredi, tout ira bien, c’est ma journée.

Et les mots à peine sortis, je me sens d’une stupidité infinie.

Parce que mercredi, il y a 4 semaines, le cœur d’Olivier s’est arrêté.

Je me sens stupide, je ne sais pas comment m’excuser…

C’était une belle journée.
Dans le jardin j’avais aspergé les pucerons de purin d’orties pour sauver les bourgeons de mes rosiers, j’avais rempli mes narines du parfum délicat des cerisiers en fleurs, j’avais mouillé mon jeans dans la rosée du matin sur les herbes hautes du jardin…

C’était une belle journée. Mais le téléphone a sonné et au lieu de me taire, j’ai parlé.

Puis, comme l’oiseau jaune qui embête le ‘Ros Minet, j’ai été maladroite, j’ai parlé trop vite et blessé un peu plus mon amie qui souffre déjà tant.

Si c’est encore possible, je te demande pardon.

 


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