Tuesday, April 23, 2013

El cotidiano 23/4/2013

Ce matin, j'ai pas encore donné de nouvelles.
Je pense à elle, puis elle aussi... et lui, forcément... mais lui, je lui ai envoyé un baiser depuis le tram... un baiser depuis le téléphone, quand bien au chaud dans le tram je prenais le chemin du bureau.
11:11, plein de boulot, pas pris une seconde pour envoyer un petit message, un mail. La culpabilité me ronge et à dire vrai, je ne sais pas vraiment comment commencer...
Salut! Ca va? On déjeune ensemble ce midi? Ca tient toujours pour ce soir?
Depuis quelques semaines, bientôt un mois, chaque mot me parait ridicule, insignifiant.
La seule chose qui parait avoir du sens, ce sont les mots que je bride parfois, des je t'aime qui me paraissent interdit. Interdit à cause des conventions, de la société, de notre façon à tous de penser...
Non mais vraiment, quelle idée de dire comme ça, "hé copine, je pense fort à toi, je suis de tout coeur avec toi dans ta douleur, parce que je t'aime fort".... et voilà qu'on me regarde étrangement, pensant "oh mon dieu, mais tu es une goudou?" "oh c'est sale et tu trompes ton chéri?"
Envie de dire des gros mots pour vous dire que j'en ai pardessus la tête de tous ces bien-pensants qui s'offusquent des mots... mais en fait, peut être qu'il n'y a que moi qui ait peur de les prononcer, de les écrire, peur de l'interprétation erronée qu'on pourrait leur donner.
Empathie.
Je me sens le centre nerveux d'un mot, ce mot.
Il me semble que je ressens sa douleur, à elle, mon amie, puis je me reproche d'être incapable en vrai, d'avoir la moindre idée de l'intensité de sa douleur. Empathie... sommes nous tous capable de ressentir de l'empathie? Jusqu'où?
Voilà, un mois bientôt qu'Olivier n'a plus à se battre pour survivre, un mois bientôt que sa femme se bat pour survivre au chagrin qui l'inonde, un mois bientôt, que je ne peux plus écrire, que chacun de mes mots me semble ridicule, qu'il me parait impossible d'écrire quelque chose de drôle parce que je veux respecter son deuil, un mois bientôt, que chaque fois que je jouis, je culpabilise d'être heureuse, de l'avoir Lui, quand elle n'aura plus son Sien près d'elle.
Un mois bientôt... que je regarde cette femme avec l'impuissance de l'amie qui ne peut rien faire pour réduire son chagrin.
Maladresse des mots, du regard, des sourires. Comment se comporter, comment l'aider, comment lui faire accepter qu'elle peut tout me demander.
L'amie, celle que tu choisis d'aimer, de laisser entrer dans ta vie, à qui tu dis tout, qui en sais plus que tes soeurs et tes parents réunis... l'amie, la vraie, celle du coeur, à celle ci, oui, tu peux lui en demander autant qu'à ta famille parce que même si vous ne partagez pas le même sang, il y a des liens de coeur aussi puissants ou plus que ceux du sang...
Empathie, toi qui fait couler mes larmes alors que j'écris ces mots et pense à elle, à son chagrin, son cri... mon Dieu, comme je la comprends... comme je te comprends mon amie, comme j'aimerai être capable de t'aider.
Alors voilà, incapable de trouver le mot juste pour te dire bonjour aujourd'hui, incapable de savoir comment te contacter en attendant l'heure du déjeuner, je décide de renouer avec un traditionnel, une vieille habitude tombée en désuétude pendant des années: el cotidiano.
Afin de réaprivoiser les mots, retrouver le chemin de l'écriture, dorénavant, je voudrais tenir ici un quotidien de bonjour, racontant les humeurs bonnes ou mauvaises d'un ciel gris et d'une haleine de braise.

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