Thursday, November 29, 2012

journal de tueurs # 9 Charles


9- Charles




La première fois que j’en ai vu un, c’était ici.
Là, dans cette salle d’urgences.
Personne ne parvenait à la calmer.
Une femme, une furie. C’était une femme tempête.
Deux policiers tentaient de la maintenir sur un lit médicalisé.
Un des hommes avait été mordu et saignait abondamment.
Un infirmier est arrivé et a tenté de la sédater.
Lorsque l’aiguille est entrée dans son bras, un bref instant, elle a cessé de bouger.

Il a rapidement appuyé sur le piston de l’aiguille, pendant qu’elle tournait son visage dans sa direction.
Alors j’ai vu ses yeux.
Injectés de sang et plein de larmes.
De sa bouche, une salive abondante s’écoulait.
Brutalement, elle s’est relevée, comme si rien ne la maintenait.
Les officiers sont tombés au sol et elle s’est jetée sur l’infirmier, la tête la première en direction de sa nuque nue, offrant ses veines, son sang, sa vie… elle l’a tué.
Le sédatif ne l’a pas endormie. Il a apaisé une souffrance immense et lui a donné plus de force pour attaquer ceux qui l’entouraient.
A cet instant j’ai compris que la seule chose qui épargnerai la vie des autres patients, c’était sa mort, sa mort à elle.
J’ai attrapé le scalpel qui attendait qu’on l’utilise enfin, et comme un fou aveugle, j’ai marché droit sur elle, à contre courant de tous ceux qui la fuyait, et face à elle, j’ai tranché sa gorge.
J’ai ouvert le flux des veines pour vider la pompe centrale.
Le sang a giclé partout.
Je baignais debout dans le sang de cette inconnue.
Ignorant la mort qui allait la frapper d’une seconde à l’autre, elle s’est jetée sur moi.
J’ai mis mon bras devant sa bouche écumante.
Elle a fermé ses dents sur ma chair.
La douleur était si grande que j’ai crié, pleuré sans pouvoir retenir ces larmes qui envahissaient mes yeux sans autorisation.
Puis elle est tombée.
La pompe était vide, sèche. Son cœur ne pouvait plus fonctionner, elle entrait dans le monde de la mort.

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