Wednesday, June 20, 2012

mon petit malheur du matin

Je voulais vous raconter ce que j'aime en août mais voilà, j'ai le ventre à l'envers, les jambes qui ‎tremblent et les mains qui peinent à taper logiquement sur le clavier. Les doigts se mêlent, les ‎lettres s'embrouillent c'est que j'ai encore un peu la trouille.‎
C'est nul, débile et ce que vous voulez, mais quoi qu'il en soit, la police me fait trembler. Et ‎comprenez bien trembler, pas vibrer. Je meurs de peur dès que le mot police apparaît quelque ‎part dans mon horizon. Et je ne suis pas un grand criminel, je n'ai aucune raison valable de les ‎craindre. Je hais leur absence de sourire, de politesse et délicatesse.
Voyez un peu:
Je sors rapidement de l'autoroute, il est 8h38. J'ai été efficace ce matin. Je me suis ‎dit que je n'allais pas réveiller mon chéri à 7h20 et qu'il attendrait que je sois au bureau pour ‎recevoir les baisers virtuels qu'orange voudra bien lui faire passer depuis mon téléphone.‎
Donc, 8h38, je sors de l'autoroute et arrive direct sur un rond point. En même temps, ‎arrive sur ma gauche un autre véhicule et sur ma droite, horreur un véhicule de police mais je suis déjà ‎dans le rond point j'ai moins tergiversé que mon voisin de gauche. Clignotant à gauche (c'est ‎comme ça que j'ai appris à l'auto école), je fais le tour du rond point, et juste avant le 360, je ‎cligne à droite et prend la route. Feu orange, je freine doucement et m'arrête. Derrière moi, ‎‎"police nationale" écrit sur le véhicule. Merde. C'est pas les merdeux de la police municipale, y a ‎moyen qu'ils m'emmerdent. Mais je vais rester sage et tout ira bien. J'écoute la musique. Les têtes ‎raides chantent à tue-tête sur une histoire de censure et de chamboule tout. Ca reflète un peu ce ‎que je ressens quand on parle de police en France. Le soleil m’illumine, je prends mes lunettes de ‎soleil et continue de surveiller ce feu qui jamais ne passera au vert. Derrière moi, je ne regarde ‎pas dans le rétro, je suis suffisamment stressée comme ça, j’ai déjà passé la nuit à me battre et ‎me cacher d’une horde de vampires affamés qui avaient pris possession de la ville où j’habitais et ‎où, étrangement, il faisait nuit des semaines entières. Bref, enfin le feu passe au vert. Je me ‎demande combien de temps je vais me les traîner au cul ceux là. Passage surélevé, vitesse limitée ‎à 30. C’est surtout les suspensions pourries de la voiture, je freine car derrière ils me stressent et ‎je passe à 20 km/h le passage surélevé. J’entends une sirène. Pas celle des océans, c’est un ‎mythe, elles n’existent pas. Je regarde, pas de pompiers, pas d’ambulance et vérifie la radio… ah ‎non, c’est pas ma musique. Je regarde au rétro et avec surprise, je vois le gyrophare de ceux que ‎je hais derrière moi allumé et hurlant. Cachée derrière mon rétro je les vois avec surprise me ‎faisant signe de m’arrêter. Je rêve encore, mon cauchemar continue ? Entendons nous bien, je les ‎hais car je les crains mais je n’ai aucun respect pour eux. Je les hais sincèrement et ‎profondément. Ne me dites pas que c’est absurde, c’est l’image négative d’abus de pouvoir de ‎personnes en manque d'assurance qui me dresse les poils de tout le corps. Et portugaise pas épilée, ‎je peux vous dire que ça fait plein de poils sur mon corps qui crient ma colère, ma haine et ma ‎peur.‎
Bref, j’obéis. Je suis obligée et je hais obéir et je hais être obligée. Mais je m’arrête. C’est pas ‎ma voiture, j’ai rien à me reprocher et si je continue je pourrais mourir d’une façon absurde alors ‎que je n’ai rien à me reprocher. Je m’arrête sur le bord de la route. Gênant la circulation des 6 ‎voitures qui nous suivent, mais ils s’en fichent.
Ils sont trois. Deux hommes, une femme. Je crois ‎que c’est elle qui me parle. Ah oui, j’ai ouvert la fenêtre, baissé le son de la musique révoltée des ‎têtes raides. Elle m’ordonne de couper le contact. J’obéis. Un gringalet aux cheveux clairs et visage ‎de con moche se poste devant ma voiture. L’autre, brun, plus grand et plus carré tourne autour de ‎la voiture. Elle, la blonde aux cheveux courts un peu bouclés, me demande les papiers du véhicule, ‎enfin, j’entends un truc du genre « carte grise, carte verte et permis de conduire ». S’il y a eu un ‎s’il vous plait, je l’ai pas entendu. Je sors mon portefeuille, et les jambes tremblent coincées sous ‎le volant. Heureusement que je suis assise. J’extirpe permis de conduire et carte grise et leur dit ‎"regardez sur le pare brise pour l’assurance, je n’ai pas la carte verte, ce n’est pas ma voiture, ‎c’est mon beau frère qui me la prête pour le mois d’août car je m’occupe de sa maison et travaille ‎à Vincennes." Y a-t-il dans ma voix le stress que je ressens à ce contrôle absurde et injustifié ? Elle ‎me dit qu’il faut avoir la carte verte. Je réponds que je le sais bien, mais ce n’est pas ma voiture ‎et on ne m’a confié que la carte grise. Vont quand même pas me faire chier pour un bout de ‎papier dont le plus important est collé sur le pare brise ? Ils contrôlent. Je n’ai jamais ouvert la ‎carte grise de mon beau frère. Je ne sais pas à quel nom est la voiture que je conduis. Je tapote ‎des mains sur mes cuisses. Je sais que c’est un signe de stress mais moi, ça me détend un peu. ‎J’aime pas attendre, j’aime pas les contrôles et j’aime pas la police et là, ces trois choses réunies ‎ont lieux et il est 8h40. Alors je demande «qu'est ce que j'ai fait?» Et là, réponse qui me scie ‎ce qu’il me reste de jambes déjà sciées par une étrange matinée où je côtoie dans mes rêves des ‎vampires assoiffés de sang et dans la réalité, des vampires assoiffés d’argent et d’abus de ‎pouvoir :  « Rien!, simple contrôle de routine ». La rage monte dans mon ventre. Si ça continue longtemps, je vais finir par leur vomir dessus ma colère.
Je m'interroge sur l'état des feux, des pneus, des optiques…
8h43, contrôle fini, ils me laissent repartir.
Je ‎remets le contact, j’allume à nouveau la radio et recherche à nouveau la plage que j’écoutais ‎‎(c’est un autoradio sans mémoire). Les têtes raides chantent à nouveau à tue-tête.
Je roule. ‎‎50km/h. Nouveau feu. Il passe au vert quand je m’approche. Clignotant à droite. Un œil sur le ‎rétro. Ils ont disparu ! Les salauds ! Quelle frousse, quelle angoisse!
Et je pense au retard dans ‎l’envoie de mes baisers matinaux au demi chinois qui a passé la nuit loin de moi. Et je pense à la ‎course à pied ce midi, mon pique nique dans le sac près de moi. Je tremble. Tout est fini. Et je ‎peux me détendre, je suis garée dans le parking souterrain du bureau, mais je tremble encore. Et ‎le plus étrange, est ce tremblement qui continue alors que j’exorcise ma peur et vous raconte mon ‎petit malheur matinal.‎

4 comments:

  1. jamais eu de contrôle de routine, juste un girophare avec un grand sourire du flic hier qui me faisait comprendre que regarder l'heure sur son portable arrêté dans un bouchon c'est pas bien, j'ai bien cru qu'ils allaient me foutre un PV mais non ouf !!!

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    1. pfff, pas juste et tant mieux pour toi, mais à ta place, j'aurai été rouge de colère de me prendre une prune pour regarder l'heure sur mon téléphone à l'arret dans un embouteillage.... et je crois que moi, la prune, c'est sûr je l'aurai eue.... y a un truc dans mon regard qui leur plait pas et je sais pas, à mon grand damne, faire la potiche, la souriante ou l'arrangeante...

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  2. Mais il ne faut pas stresser pour un contrôle! Tu es peut être poliçophobique? ^-^
    Ceci dit je pense que je stresserais aussi, je suis du genre à pas bien savoir me garer!

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    1. oui, j'avoue, suis poliçophobique.... et ça fait rire beaucoup de monde, sauf moi. Rien à faire, j'ai beau ne rien avoir à me reprocher, si je suis en voiture et que je croise deshommes ou femmes en uniforme susceptibles de m'arrêter sans motif, bah je flippe et je sais pas, mais ils doivent le sentir alors bam, contrôle. Peut être que si on nous donnait une meilleure image de la police dans les films, les médias et tout, peut être que je serai plus sereine, mais j'associe police et sevice, police et abus de pouvoir, police et je m'enfoutisme, police et arnaque, police et matraque... bref que du noir alors qu'il faudrait associer police et aide, police et secours... et je vois pas quoi ... bref, j'aime pas ce dont j'ai peur et j'ai peur de la police.

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