Monday, June 25, 2012

de pourquoi je suis devenue lesbiennes



Alors voilà, 19h10, Chouquette ne donne pas signe  de vie, mais elle devrait plus tarder à arriver.‎
J’éteins tout, l’ordi, le téléphone et les néons du bureau et je descends dans la rue à la recherche de mon cavalier et de son cheval ‎blanc. Ok, en guise de cavalier et de cheval, c’est ma ‘tite sœur que je cherche dans sa voiture rouge… une Seat peut être, je ne ‎retiens pas ce genre de détails.‎

Une fois sur le trottoir, je décroche mon téléphone (ces trucs portables quand même parfois, c’est bien pratique !) et je l’appelle. ‎‎« Alors, t’es où ? » « J’me suis trompée, suis rue de la Jarry mais c’est pas bon je crois » « Ok, bouge pas, j’arrive ».‎

Et je remonte une rue dont j’ignore le nom, pendant que la Chouquette fait demi-tour et me retrouve au carrefour où je monte au ‎vol sur son cheval blanc… enfin, dans sa voiture.‎

Cent mètre plus loin, on tourne à gauche et un bruit étrange perturbe notre conversation. On s’arrête illico, faudrait pas casser le ‎pot…. Ah tient, à propos de pot, c’est lui qu’à lâché et qui se frotte contre le macadam, expérimentant des baisers douloureux et ‎bruyants.‎

Un homme, les mains pleines de sacs, et peut être de provisions, passant par là, nous confirme, oui Mesdames, le pot ‎d’échappement de votre bolide s’est bien décroché. ‎Et il poursuit son chemin.
C’est bien notre vaine. Je regarde l’heure 19h19. La représentation de théâtre est à 20h30. D’où on est, je réfléchis au trajet en bus, c’est jouable. Mais, pas de stationnement et ‎on ne peut laisser la voiture comme ça.‎



Sous mes ordres, elle fait marche arrière jusqu’à  l’arrêt de bus où nous pourrons regarder le souci d’un peu plus près sans ‎gêner la circulation des voitures. On ne peut pas avancer, le pot s’est décroché coté embranchement avec le tuyau qui court sous ‎châssis.‎

On vide son coffre (une poussette, des cartons plein de sucre collé dessus et des sacs pour faire des courses mais pas de ‎gants !!!!) pour accéder au cric. Evidement, dans ces trucs plus modernes que ma vieille R5 ou AX, les crics sont coincés à ‎moitié ouverts dans la roue de secours. Une perte de temps incroyable pour l’enlever et lui faire prendre la taille nécessaire à le ‎glisser sous la voiture. Alors, j’ôte mon beau manteau, et sur ma robe j’enfile le magnifique gilet jaune de sécurité.‎

Les voitures défilent, les piéton, des hommes, des femmes et personne ne s’arrête. Personne ne vole au secours de deux minettes ‎au bord de la route, se débattant avec un cric à la main, le contenu d’un coffre sur le trottoir.‎

C’est donc sous le regard des passants que je remonte un peu la voiture car le bas de caisse est vraiment trop bas pour me laisser ‎accéder au pot.‎

Ah oui, on n’est pas en Italie ! Je pense à l’Italienne qui rouspète après les mâles français qui ne savent pas s’habiller et n’ont ‎aucun sens de la galanterie. Elle a sûrement raison. ‎

Mais bon, ce soir, le chevalier c’était Chouquette, le mécano providentiel, tombé du ciel… ce sera moi, allongée sur des cartons, la tête ‎sous la voiture, la robe bien lissée sur mes genoux, les mains tirant sur le pot d’échappement pour l’arracher à ses attaches en ‎caoutchouc auquel il était bien accroché.‎

Sans l’aide d’aucun mâle, on remballe, pot dans le coffre, cric rangé à la va vite, mains noires de suie, de poussière et un peu en ‎colère contre l’indifférence des passants mâles qui regardent et ne proposent jamais une main pour aider.‎

A l’heure, nous sommes arrivées au théâtre. Le sujet de la pièce : que deviennent les femmes ? et la pièce « corps de femme 2- le ‎ballon ovale »‎



Les femmes, les femmes.
Et Chouquette d’en rajouter : « je devrais peut être pas le dire, mais je suis contente que cette galère me ‎soit arrivée avec toi ». T’inquiète Princesse, ça ne m’embête pas que tu dises ça. A dire vrai, c’est plutôt flatteur.‎
Et maintenant je me demande…. Mais à quoi donc servent les hommes ?‎
C’est décidé, dès aujourd’hui, ce sont les femmes que je regarde….. ‎
Pourvu qu’elles soient plus solidaires que les vers de terre !‎

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