Alors voilà, 19h10, Chouquette ne donne pas signe de vie, mais elle devrait plus tarder à arriver.
J’éteins tout, l’ordi, le téléphone et les néons du bureau et je descends dans la rue à la recherche de mon cavalier et de son cheval blanc. Ok, en guise de cavalier et de cheval, c’est ma ‘tite sœur que je cherche dans sa voiture rouge… une Seat peut être, je ne retiens pas ce genre de détails.
Une fois sur le trottoir, je décroche mon téléphone (ces trucs portables quand même parfois, c’est bien pratique !) et je l’appelle. « Alors, t’es où ? » « J’me suis trompée, suis rue de la Jarry mais c’est pas bon je crois » « Ok, bouge pas, j’arrive ».
Et je remonte une rue dont j’ignore le nom, pendant que la Chouquette fait demi-tour et me retrouve au carrefour où je monte au vol sur son cheval blanc… enfin, dans sa voiture.
Cent mètre plus loin, on tourne à gauche et un bruit étrange perturbe notre conversation. On s’arrête illico, faudrait pas casser le pot…. Ah tient, à propos de pot, c’est lui qu’à lâché et qui se frotte contre le macadam, expérimentant des baisers douloureux et bruyants.
Un homme, les mains pleines de sacs, et peut être de provisions, passant par là, nous confirme, oui Mesdames, le pot d’échappement de votre bolide s’est bien décroché. Et il poursuit son chemin.
C’est bien notre vaine. Je regarde l’heure 19h19. La représentation de théâtre est à 20h30. D’où on est, je réfléchis au trajet en bus, c’est jouable. Mais, pas de stationnement et on ne peut laisser la voiture comme ça.
Sous mes ordres, elle fait marche arrière jusqu’à l’arrêt de bus où nous pourrons regarder le souci d’un peu plus près sans gêner la circulation des voitures. On ne peut pas avancer, le pot s’est décroché coté embranchement avec le tuyau qui court sous châssis.
On vide son coffre (une poussette, des cartons plein de sucre collé dessus et des sacs pour faire des courses mais pas de gants !!!!) pour accéder au cric. Evidement, dans ces trucs plus modernes que ma vieille R5 ou AX, les crics sont coincés à moitié ouverts dans la roue de secours. Une perte de temps incroyable pour l’enlever et lui faire prendre la taille nécessaire à le glisser sous la voiture. Alors, j’ôte mon beau manteau, et sur ma robe j’enfile le magnifique gilet jaune de sécurité.
Les voitures défilent, les piéton, des hommes, des femmes et personne ne s’arrête. Personne ne vole au secours de deux minettes au bord de la route, se débattant avec un cric à la main, le contenu d’un coffre sur le trottoir.
C’est donc sous le regard des passants que je remonte un peu la voiture car le bas de caisse est vraiment trop bas pour me laisser accéder au pot.
Ah oui, on n’est pas en Italie ! Je pense à l’Italienne qui rouspète après les mâles français qui ne savent pas s’habiller et n’ont aucun sens de la galanterie. Elle a sûrement raison.
Mais bon, ce soir, le chevalier c’était Chouquette, le mécano providentiel, tombé du ciel… ce sera moi, allongée sur des cartons, la tête sous la voiture, la robe bien lissée sur mes genoux, les mains tirant sur le pot d’échappement pour l’arracher à ses attaches en caoutchouc auquel il était bien accroché.
Sans l’aide d’aucun mâle, on remballe, pot dans le coffre, cric rangé à la va vite, mains noires de suie, de poussière et un peu en colère contre l’indifférence des passants mâles qui regardent et ne proposent jamais une main pour aider.
A l’heure, nous sommes arrivées au théâtre. Le sujet de la pièce : que deviennent les femmes ? et la pièce « corps de femme 2- le ballon ovale »
Les femmes, les femmes.
Et Chouquette d’en rajouter : « je devrais peut être pas le dire, mais je suis contente que cette galère me soit arrivée avec toi ». T’inquiète Princesse, ça ne m’embête pas que tu dises ça. A dire vrai, c’est plutôt flatteur.
Et maintenant je me demande…. Mais à quoi donc servent les hommes ?
C’est décidé, dès aujourd’hui, ce sont les femmes que je regarde…..
Pourvu qu’elles soient plus solidaires que les vers de terre !
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